Extraits d'une pensée pour Vertigo de Rabbitresearch
La tentation de vouloir t’écrire, tant d’années après notre rencontre, elle devient obsession, charge, envie et désir. Quoique, l’écriture ne peut rien changer, juste, à ce moment précis, donner vie à quelque chose de perdu, de caché, d’oublié. Mais je n’ai rien oublié, enfin je ne sais pas si j’oublie quand je ne sais pas de quoi me souvenir.
Je ne sais pas ce que tu deviens maintenant, ce que tu fais, ce que tu écris, mais cette lettre, peut-être une d’amour, me permettra de laisser une trace entre cet éternel recommencement dans mes pensées et dans la mémoire des choses vécues. Y a-t-il un moyen d’exprimer ce que je ressens sans avoir recours à l’écriture qui permet de sauvegarder les sensations et émotions, malgré l’effacement de leur existence originaire, en écrivant ? Je ne le sais pas, mais je n’ai pas le choix. Dans ma tête j’écrivais toujours des lettres à toi, mon cher amour, des lettres sans fin...
...Tu sortais du miroir comme si tu n’avais attendu que cela et tu traversais la pièce... chaque petit pas correspondait à mon imagination. Tu étais léger, rempli de délicatesse et tes yeux montaient vers le ciel, comme si tu ne l’avais jamais vu. Tu touchais le sol, en même temps, il semblait disparaître sous ta présence magique et tes mouvements enveloppaient l’espace comme un temps qui passe et qui s’arrête et déjà là j’avais envie de le dire et de l’écrire, mais cette impuissance dans mes mains faisaient tomber la plume que je portais afin de mémoriser ce moment, mais je ne l’ai pas oublié. C’est comme si c’était hier. Tu as été paralysé par mon regard et tu cessa de bouger pour plonger dans le vide qu’étaient mes yeux, et là, pour la première fois, ta main toucha mon âme à un tel point que tu explosais de joie et tu envahissais la pièce comme la mélodie d’une chanson secrète. Tu touchas le sol en y cherchant le vide qui n’y etait plus et tu y naviguas comme un bateau sans eau et puis tu te relevas pour atteindre le plafond, tes mains sursautaient et ton corps se lia à une fleur inexistante qui chercha le soleil. Puis ce que tu voyais n’étaient que les regards des êtres que je n’aime pas, que j’accepte, mais qui me font ressentir chaque jour que je ne les suis pas. Tu tremblas et tu te posas sur le sol afin de retrouver le souffle qui était moi...
...Puis je savais que si j’écrivais ces moments de bonheur, si je mettais sur papier toutes ces sensations inconnues et tellement désirées que tu disparaîtras, aussi vite que tu es venu, dans mon monde vide et en détresse. Mais il est trop tard, trop tard maintenant pour remonter le temps et pour changer notre sort ... les choses sont dites et écrites et ceci ne fait que je ne peux plus te voir dans le miroir et que les oiseaux volants sont tombés par terre. Ils ne bougent presque plus, ne volent plus et tout cela est lié à cette idée d’écriture qui m’a possédé, qui m’a torturé la nuit, qui ne me quittait plus et qui me parlait, d’une force encore plus intense que notre amour, que je devais jouer avec la plume, la vraie plume et pas avec celle de mes pensées. Tu bouges encore, tu souffres car je t’ai trahi et mon souffle qui t’a fait vivre s’estompe, comme l’orage de notre nuit, comme la musique dans nos rêves, comme le vol vers un temps éternel, comme la danse ininterrompue de nos sentiments et la plume règne désormais dans mes mains. Je la laisse tomber maintenant. Mais rien ne changera, mes souvenirs et les tiens deviendront des fantômes d’une lettre d’amour trompeuse. Le vide s’installera et je le sens, le retour de mon monde rempli de mélancolie à la recherche d’un sens inconnu... et ton cœur s’arrête de battre... la plume a gagné. (texte:KN)