Aug 31, 2007

vertigo in progress I









(pictures: K. Niemeyer, 2007)
Non, ceci n'annonce guère le début de la série "Les experts"... Il s'agit d'une station d'essence dans le Sud, à 100km de Lyon. Oubliée, tuée, morte... cette femme, certes en plastique, mais ayant la vie dans les yeux... À côté d'un filet de pèche et coincée entre une poubelle et des objets perdus, elle est allongée, immobile... sa jupe ne cache rien, comme s'il s'agissait d'un viol, celui de la société actuelle où tout se termine à la poubelle ou à sa côté. La main semble crier la détresse, mais il est trop tard. Il s'agit d'un jouet, d'une femme qui n'a plus rien à attendre. Ce n'est même pas une installation artistique à la Cindy Sherman, un objet trouvé ou un ready made, mais un moment unique de la réalité, tristement auratique (Walter Benjamin) et si réel, symbolisant autant de choses...
Représentant aussi un sentiment, celui de la solitude, de la détresse et de l'oubli, de la violence physique et mentale, ... enfin... une sorte de cauchemar, celui durant lequel on essaie de s'envoler, de s'enfuir et on ne peut pas.

Ce sont des jours en été, quand les êtres laissent leurs chiens et chats, puis les poupets à côté de l'autoroute, qui démontrent une certaine "glace" de notre industrie culturelle.
Ce n'était pas la caméra qui a cherché son objet, mais c'est ce dernier qui attendait peut-être la caméra avant de disparaître définitivement. Le Punctum... (texte: KN).

Aug 1, 2007

documenta 12

26 july 2007, Documenta 12, Kassel, Fridericanium

"Floor of the forest"
(Installation, Performance)
Trisha Brown

Cette année sur la documenta 12, à Kassel en Allemagne, Trisha Brown présente dans une salle un rectangle en trois dimensions. Des vêtements sont liés à des cordes et les danseurs se lissent, se tissent et bougent lentement dans cette toile d'araignée. Cette installation fixe et mobile en même temps est minimaliste et les personnages entrelacés dans le réseau de tissu touchent rarément le sol. Ils naviguent entre les vêtements, font l'effort de bouger sans bouger et sortent parfois de ce jeu en dansant sur le sol, debout. Les danseuses commencent un mouvement, le reprennent et ajoutent un élément; ce qui est en contrast avec l'installation. Cette dernière, visible des quatre côtés, invite le spectateur à regarder la performance à sa manière; elle demande une interaction passive avec ce qui se passe et la communication n'est jamais unidirectionnelle, l'axe x, y sont fixes, mais l'axe z donne la possibilité aux danseurs de jouer avec une situation fixe en lui donnant un caractère du quotidien, une différence dans la répétition qui est reprise dans la danse sur le sol. Visible également du haut des escaliers du Fridericianum, cette oeuvre inspire la nouvelle pièce de Rabbitresearch, Vertigo, en préparation pour 2008. Regarder la danse autrement, jouant avec les perspectives et le spectateur devient caméra de son propre spectacle (ou presque...)